Apprendre



Apprendre, réfléchir, comprendre, penser, créer

Nous apprenons par notre activité et nos échanges,
mais nous voyons aussi que toutes les activités ou échanges ne sont pas équivalents.

Apprendre est un processus ou l'activité de l'apprenant prend plusieurs aspects selon la tâche :
Première tâche: D'abord l'élève est confronté à une connaissance nouvelle, il "fait ce qu'il ne sait pas faire" et "pense ce qu'il ne connaît pas". Nous disons qu'il cherche, nous disons mieux qu'il réfléchit à la solution d'un problème, s'il trouve il aura "su faire".

Réfléchir nous l'avons défini comme un concept à trois attributs : 1 celui qui réfléchit se pose donc une question, 2 il y répond par une proposition, une idée, 3 il en vérifie la pertinence par rapport à la tâche, à l'énoncé, au texte. S'il y a erreur, il se pose une nouvelle question.
Il recommence le processus de ces trois actions jusqu'à proposer une réponse qu'il estime juste. L'activité réflexive (1)fonde l'activité d'apprentissage et en est la première forme.

Créer se différencie de réfléchir, nous l'analysons comme une "activité régulée" au sens de Piaget.
Dans l'activité créative ou imaginaire le repère de vérification est interne. C'est le sujet qui décide que ce qu'il a fait est ce qu'il voulait faire.
Dans l'activité réflexive , la vérification est externe, elle se fait par réérence à l'énoncé, l'expérience, la contrainte données, au texte, aux données .

Seconde tâche: Si l'élève parvient à résoudre des problèmes par sa réflexion, il est ensuite en mesure d'avoir une activité métacognitive pour prendre conscience comment il a réussi. Il réfléchit à nouveau, mais sur les procédures qu'il ou que d'autres ont trouvées.
Il va construire ainsi un "savoir-dire".Il devient capable de communiquer aux autres ses trouvailles.
Il peut maintenant après réflexion et prise de conscience solitaires expliquer son point de vue, ce qu'il a compris, participer à un conflit sociocognitif dans les travaux de groupes et avec le professeur pour parvenir à une compréhension plus générale donc plus décontextualisée et applicable à des situations diversifiées.

Comprendre est aussi un concept à trois attributs : 1 celui qui comprend se pose une question, 2 il y répond par une procédure de résolution, une idée, ou une réponse 3 qu'il vérifie juste ou adéquate.
Quand l'élève est en situation d'application de connaissances déjà acquises, il résout des problèmes dont il connaît la solution. L'élève n'a donc pas à réfléchir, il comprend et applique un "savoir faire".

Penser

Apprendre revient à construire "savoir faire" et "savoir dire" en ayant réfléchi, créé, compris quelque chose. "Savoir faire" et "savoir dire" sont le but, ils permettent au professeur de fabriquer le matériau qui va faire penser l'apprenant. Quand on "sait faire et dire" on a construit des capacités et compétences. Cette construction est due à l'activité de la pensée de l'apprenant, fonction vitale à préserver et exercer et non capacité à construire.

(1) Cette définition de l'activité réflexive proposée est une reformulation du concept Piagétien de "régulation".

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Les métiers d'élèves

L'enseignant arrive en classe avec un savoir que les élèves n'ont pas.
Son projet est qu'au terme du travail qu'il propose, les élèves aient acquis ce savoir.
C'est une définition universelle du métier d'enseignant.

Pour faire acquérir le savoir, l'enseignant donne des problèmes à résoudre, des tâches à réaliser, des questions .
Il attend de ses élèves qu'ils réfléchissent et leur laisse un temps d'activité individuelle variable. certains résolvent seuls le problème, réalisent la tâche et répondent à la question.
Ce sont des "chercheurs fabricants de réponses"

Souvent le professeur arrête cette phase de l'activité, en fournissant une aide aux autres élèves ,
un indice, une série de questions fermées, celles peut-être que ces élèves auraient du se poser. Il peut aller plus loin et donner une partie de l'explication, voire l'explication complète, ou la réponse finale.
Ces élèves sont des "écouteurs de réponses demandeurs d'aide".

Deux métiers d'élèves existent donc dans la classe, deux stratégies dont on attend dans les deux cas qu'il y ait compréhension ou acquisition de compétence et de savoir. Pour découvrir la séance d' "évaluation de l'activité".

Lors du contrôle, le professeur propose, à nouveau, des problèmes et des questions.
Les chercheurs fabricants de réponses seront les plus à même de réussir le contrôle. Leur activité ne varie pas, seul l'enjeu de la note vient modifier le contexte.
Pour les écouteurs de réponses tout varie. D'ordinaire quand ils ne trouvent pas il reçoivent un élément ou la totalité de la solution, en contrôle il sont laissés à eux-mêmes. C'est eux qui me disent : "Et pourtant je comprends en classe, mais au contrôle j'y arrive pas".

Pour apprendre et comprendre, il faudrait que les élèves "fabriquent" la réponse.
Le professeur ne s'y trompe pas qui rétablit cette condition au contrôle. Ecouter ou lire donnent l'illusion de comprendre, de percevoir un lien logique mais établi par un autre.
Donner la réponse, au lieu d'attendre et de la faire chercher, laisse à l'enseignant l'illusion d'avoir trout vé une solution pédagogique pour que les élèves en difficulté apprennent. Paradoxalement ce sont les élèves dont les parents ont fait des études qui sont favorisés par cette démarche

La classe fonctionne fréquemment sur un mode dialogué.
Dans ce mode le professeur stimule l'activité par des questions, ceux qui lèvent la main ont sans doute déjà fabriqué la réponse. On vérifie qu'un groupe d'élèves entretient un dialogue avec le professeur, au mieux les autres sont les auditeurs de ce dialogue. A nouveau on pense qu'écouter les réponses successives permet d'apprendre.
L'activité dialoguée favorise une réflexion de réactivité ou les fabricants n'expriment pas seulement les idées qu'ils avaient déjà. De par les connaissances apportées par le professeur, les propositions, les réactions, les questions des uns et des autres, ce dialogue amène quelques élèves à produire des idées nouvelles. Pour ces élèves la classe dialoguée est un dispositif d'apprentissage. Elle a l'inconvénient d'exclure du savoir tous les autres cantonnés à l'écoute et à l'absence de réflexion.

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Echouer à l'école

L'échec est habituellement analysé:
comme une incapacité de l'élève à répondre aux contrôles de connaissances,
comme un déficit d'acquisition ou de compétence.

On dit par exemple : "les élèves ont des difficultés à apprendre parce qu'ils ne savent pas lire".
Nous préférons dire qu'ils ne réfléchissent pas quand ils lisent.
Ces élèves n'ont pas acquis la langue écrite depuis le C.P, parce qu'ils ne sont pas en réflexion face aux écrits proposés. Nous pensons en effet que ces élèves ne construisent pas de nouveaux savoirs parce que, ils n'ont plus d'activité de réflexion. Ils ne se mettent plus en recherche pour trouver des réponses et des solutions aux problèmes et aux questions posés par l'enseignant.

Si les élèves en échec ne réfléchissent pas, que font ils ?.
Les élèves en échec substituent l'émotion à la pensée.
1
2 Ils ne cherchent pas la réponse demandée, ils l'attendent, ils la demandent. 3 Ils ne vérifient pas leur production mais interrogent l'enseignant : "est ce que c'est bon ?".
Dans leurs questions et propositions, ils se contentent de dire et de penser ce qu'ils connaissent déjà. Ils ne répondent qu'aux questions pour lesquelles ils ont une réponse. Ils n'acceptent que les tâches "faciles" où ils comprennent mais ne réfléchissentt pas et disent alors que c'est "difficile" donc pour eux impossible . Ils n'ont pas d'activité métacognitive puisqu'ils ne résolvent pas les problèmes pour lesquels ils n'ont pas d'emblée la solution. Il ne construisent pas de "savoir dire". Voir aussi l'article "Comment on apprend : Apprendre, réfléchir, comprendre, penser, créer"

Pour réguler leurs émotions, les élèves en échec remplacent l'activité par la relation de dépendance.
Ils demandent de l'aide s'il ne savent pas faire. S'il ne l'obtiennentt pas ils ne font plus rien, bavardent,s'amusent. Les élèves en échec sont très efficaces à mettre l'enseignant en activité sur le travail que celui-ci lui donne à faire. Nous pensons qu'ils sont avec l'enseignant dans une sorte de relation de dominance. "Dominants", ils perturbent les cours, et ne font que ce dont ils ont envie. "Dominés", ils font ce qu'on leur demande, ils travaillent parfois beaucoup sans réussir. Voir aussi l’article"Les métiers d'élèves"

L'activité intellectuelle d'échanges en groupe leur est étrangère,
puisque le rapport à l'autre est pour eux dépendance et demande d'aide. En groupe ils instaurent un contrat occulte de mise en tutelle des compétences à leur service.

L'échec engendre une image négative de soi.
les élèves en échec construisent un sentiment d'impuissance face à tout de ce qui leur est nouveau, inconnu, étranger. ce sentiment de soi engendre de l'émotion et du malaise quand il s'agit de réfléchir et de "penser ce qu'ils ne connaissent pas" et d'une activité intellectuelle d'échange en groupe.

Notre définition :
  • L'échec est un déficit de l'activité. l'élève ne pense plus. Il ne réfléchit plus dans les taches prescrites par l'enseignant. L'échec réside dans la perte momentanée nous l'espérons ou la déconstruction chez l'élève d'une fonction vitale : "la pensée".
  • L'échec est un déficit dans la relation : l'élève en échec se maintient dans une relation de dominance ou de séduction avec l'autre et en particulier l'enseignant.
  • L'échec est un déficit du sentiment de soi
  • Les déficits de connaissances et de compétences sont un effet de l'échec celui habituellement désigné, observé et mesuré.

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    Réussir à l'école

    La réussite est habituellement analysée et mesurée comme la capacité de l'élève à répondre aux questions du professeur en classe et aux contrôles de connaissances.

    L'élève en réussite se contente d'une réflexion brève
    En classe l'élève en réussite est souvent en situation de faire ou dire ce qu'il sait déjà.
    Les cours dialogués lui permettent de construire des réponses nouvelles par une réflexion réactive aux idées émises par les uns les autres, il y excelle.
    Il est "fabricant de réponses" dans des situations problèmes pour lesquels une réflexion brève lui suffit. "Je persiste pour trouver la bonne réponse, car je n'aime pas ne pas savoir. Et si je reste souvent devant la question pendant au moins 5 minutes et quand je ne sais vraiment pas je laisse et je passe à une autre"
    Ou alors, "Quand je ne sais pas, ne trouve pas ou ne comprends pas, je demande aux professeurs mais cela ne m'arrive pas souvent de demander et si c'est à la maison, je demande quand je n'arrive pas du tout."

    L'élève entretient avec des professeurs une relation privilégiée synonyme de réussite.
    Les bons élèves établissent avec des enseignants un rapport marqué de complicité, d'admiration, de mise en valeur réciproque. Le professeur voit son image valorisée.
    En cherchant à plaire à l'enseignant, l'élève exprime son rejet du statut de membre anonyme du groupe. L'élève assure le professeur de sa coopération à la réalisation du cours e le prémunit d'une classe dite "inerte".

    Le produit du groupe est souvent le produit de son activité personnelle
    L'activité d'échanges en groupe lui donne l'occasion d'exprimer ses compétences et connaissances dans un rapport à l'élève en échec de dépendance et demande d'aide. En groupe il instaure un contrat occulte de soumission des autres à ses compétences et connaissances.

    Sa réussite le laisse dans une insécurité personnelle
  • Elle est due à son ignorance des origines de sa réussite,
  • et à sa dépendance relative aux autres dans la construction de ses connaissances:
    - L'émergence de ses idées nouvelles apparaît dans le cours dialogué et dépend de l'activité du professeur et de sa relation avec lui.
    - Dans les situations problèmes sa réflexion est brève. Si le problème lui apparaît trop complexe il devient "écouteur de réponses" et fait appel au professeur ou à ses parents. Comme l'élève en échec lui aussi, apprend par l'action de celui qui sait.

    Notre définition de cette réussite
  • C'est une "réussite relative" à une note, une norme qui situe ses compétences et connaissances par référence à celles des membres de sa classe et de l'établissement scolaire dans lequel il est inscrit.
  • Elle est relative car fondée sur un déficit de son activité intellectuelle. Quand les problèmes sont complexes il ne sait pas que son intelligence est sa ressource. Dans ce cas comme pour l'élève en difficulté l'autre, celui qui sait reste le recours.
  • C'est une réussite qui n'instaure pas la coopération. Elle laisse l'élève dans la compétition, le sentiment de sa supériorité, la dépendance avec les autres et la difficulté à se mettre en question.

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    Réussir à l'école et se réussir

    J'ai vu Nassim mercredi 10 Novembre 2004 à la demande de ses professeurs de Mathématiques et d'Anglais. Ils le pensent "surdoué" et trop efficace dans ses apprentissages pour tirer partie à son profit de l'enseignement en 6ème.

  • Selon eux il perd son temps. Je lui ai proposé la passation des tests du WISC. Ses résultats sont à chaque fois excellents et démontrent un développement intellectuel nettement supérieur à sa classe d'age. Ces tests mesurent les réussites et le nombre de questions auxquelles un élève peut répondre. Ils sont un indicateur à un moment donné des savoirs acquis par un enfant par rapport aux autres enfants du même age. Il s'agit aussi d'une réussite par comparaison aux autres.
  • J'ai voulu aussi savoir comment Nassim se comporte quand il est amené à "faire ce qu'il ne sait pas faire" finalement à repérer son activité d'apprentissage. Pour cela je lui ai donné le problème du disque et je lui ai posé des questions sur son activité en classe : Problème du disque : réflexion immédiate et prolongée, essais explicites mentaux et sur papier, absence de doute et tension vers la réussite sans retrait de l'activité, en moins de 10' réussite affirmée et plaisir.
  • A ma question: en classe quand tu ne sais pas, quand tu ne comprends pas, quand tu ne trouves pas, que fais tu ? Voici ses réponses :
    "quand c'est un problème j'essaye tout le temps jusqu'à ce que je comprenne, j'essaye toutes les possibilités. quand c'est un livre je relis tout le temps jusqu'à ce que je comprenne. En arts plastiques je ne m'ennuie jamais, quand je dessine j'ai pas une idée de ce que je veux faire directement, quand je pense à un truc, je le fais et alors ça me fait penser à quelque chose d'autre et ainsi de suite. Quand j'écris une histoire, ça me fait très vite une grande histoire parce que je pense à quelque chose qui m'amène à quelque chose d'autre etc, en CM1 la prof me disait que j'étais lent à cause de ça, je lui rendais mes histoires après les autres.
    Des fois en classe je m'ennuie parce que je sais déjà. J'aime l'école parce qu'on apprend des trucs, à 12h15 je suis pressé qu'il soit 13h30 pour aller en classe."

  • A l'évidence Nassim est un "chercheur fabricant de réponses" et le plus autonome que j'ai eu l'occasion de rencontrer.
    Il est constamment en réflexion, c'est ainsi qu'il se développe si bien intellectuellement et c'est ainsi qu'il réalise ses apprentissages en classe y compris indépendamment de l'activité du professeur et de la classe.

    L'élève en réussite de lui-même est capable d'une réflexion solitaire prolongée
    Face à ce qu'il ne sait pas, il trouve en lui la ressource de laisser travailler son intelligence de réfléchir, de laisser venir les idées jusqu'à la solution du problème. Il connaît le plaisir de la réflexion et s'y adonne avec constance.
    L'élève entretient avec des professeurs une relation de coopération sans recherche de traitement privilégié
    Il attend du professeur qu'il joue son rôle et lui donne l'occasion toujours renouvelée de découverte et de construction de nouveaux savoirs. Il ne cherche pas à faire plaisir, il se donne du plaisir à apprendre, et en sait gré à l'enseignant qui le lui permet.
    C'est un rapport triangulaire d'indépendance réciproque et de coopération dont l'objet est le savoir, l'apprentissage et les conditions le favorisant.
    La différence est une occasion de réfléchir et de s'enrichir
    L'activité d'échanges en groupe est à nouveau pour lui l'occasion de la réflexion. Les idées différentes des autres ne sont pas pour lui un danger qu'il faut combattre mais une occasion renouvelée de réfléchir et de s'enrichir. Davantage intéressé par le processus de réflexion que par son produit il n'est pas obsédé de convaincre.
    Sa réussite engendre une confiance en soi
    Face à ce qu'il ne sait pas, il dispose toujours de la ressource de son intelligence et il en retire le sentiment "d'y pouvoir toujours quelque chose" face au nouveau et à l'inconnu. de construire des connaissances et compétences, se mettre en question, sont autant d'occasions de trouver du plaisir dans la réflexion. Ce faisant, il construit de lui-même une image positive de confiance en soi.

    Notre définition
    • C'est une "réussite non relative" à une note ou à une norme, c'est une réussite du point de vue du sujet. A la fois elle contribue au développement de l'activité intellectuelle, des connaissances et compétences du sujet.
    • Quand les problèmes sont complexes il sait que son intelligence est sa ressource.
    • C'est une réussite qui instaure la coopération avec les autres.
    • Elle laisse l'élève hors de la compétition et du sentiment de sa supériorité parce que l'autre n'est jamais une menace mais une possibilité de construire et de s'enrichir.

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    Désir d'apprendre et construction de soi

    La part de l'identification aux origines familiales et sociales
  • La motivation à apprendre est d'abord un effet de l'identification aux parents et aux adultes de l'entourage.
    Par une autorisation en retour l'identification aux personnes aimées devient un désir d'activité et d'apprentissage de ce qui leur appartient : marcher, s'habiller, devenir propre, monter et descendre les escaliers, parler, lire, écrire, jouer de la musique.
  • Le désir des apprentissages scolaires naît de l'autorisation des parents et de celle de l'enseignant
    qui accueille l'élève, c'est tout l'enjeu des rencontres entre parents et enseignants.
  • Pour les enfants des classes moyennes et supérieures,
    les savoirs dispensés à l'école, les échanges culturels et intellectuels sont d'emblée vécus comme nécessaires, du fait de leur désir de s'identifier à leurs parents en adoptant leur culture.

    La part de l'obligation scolaire
  • Pour les enfants des couches sociales d'ouvriers et d'employés,
    au delà de l'école primaire, le contenu des programmes importent moins que les parcours scolaires. Parce qu'il est garant de la loi d'obligation, le professeur leur permet d'accéder au savoir. Ils se mettent au travail parce que c'est obligatoire et non parce qu'ils en ont envie. En l'état ça ne peut pas durer si la réussite ne s'en mêle pas. L'obligaion est démocratisante en permettant à ces élèves de s'affranchir des contraintes de la nécessité et du besoin.

    La part de l'activité scolaire
  • Quand on réfléchit, on ressent des émotions,
    peurs, découragement, honte, colère. Ces émotions montrent que l'apprentissage et la réflexion mettent en jeu l'identité de chacun, c'est à dire les sentiments, l'image, les idées que l‘on a de soi. On "se sent en danger" si on ne réussit pas.
  • Dans la réussite, chacun construit de soi le "sentiment d'y pouvoir quelque chose"
    et qu'il peut trouver en lui des ressources face au nouveau, l'inconnu, le difficile. L'émotion ressentie est du plaisir, du soulagement. Le désir d'apprendre va tenir à la recherche de ce plaisir.
  • A contrario si l'élève ne s'en sort pas dans sa réflexion,
    il se cache à lui-même son sentiment d'impuissance par la colère vis à vis de celui qui le met en situation d'apprentissage. La colère rejette l'activité et veut développer de l'influence et du pouvoir sur les autres, A défaut d'un "sentiment d'y pouvoir quelque chose" quand c'est difficile ou nouveau, le non apprenant en reste au "sentiment de toujours pouvoir quelque chose sur l'autre". A une réussite sur la tâche, il substitue au moins dans son imaginaire une influence sur l'autre. A défaut de se réussir dans la réalité le "non apprenant" se construit une réussite imaginaire. Les émotions ressenties vont le détourner de la réflexion et favoriser la recherche d'influences sur les autres.
  • Une expérience nouvelle de réflexion réussie peut contribuer à lever l'obstacle "identitaire".
    L'élève en réussite peut dans son parcours scolaire vivre des expériences qui mettent en cause sa confiance en lui même. On peut ainsi comprendre l'échec des élèves en 1èreS et la réussite d'un élève qui après un BEP, prépare un baccalauréat et peut aussi faire des études supérieures. Quelle que soit son origine liée à l'obligation ou à l'identification, pour chaque élève, le désir d'apprendre peut s'élaborer, se renforcer par la répétition de l'expérience de réussite et la confirmation chaque fois renouvelée "d'avoir de soi le sentiment que l'on y peut quelque chose quand c'est difficile".
  • Avec l'avancée de leur scolarité si elle est réussie,
    les uns vont "s'éloigner" de la culture familiale et de leur réseau social, alors que les autres vont de plus en plus avoir matière à partager en se rapprochant de la culture familiale et sociale. Selon l'origine sociale, le prix à payer de la réussite scolaire n'est pas le même

    La part de la compétition entre élèves et des notes
    Selon nous, cette source de mobilisation aux apprentissages est davantage liée à la volonté de pouvoir et de dominance qu'à la construction de la connaissance et de soi. Le savoir est ici le moyen du pouvoir et de la dominance.
    La compétition peut contribuer à la construction des savoirs des tous "meilleurs" élèves de la classe. Les autres ne sont pas mobilisables par la compétition, d'expérience ils savent qu'ils n'auront pas les meilleures notes.

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    Les sens de l'école

    "Alors à quoi ça sert?"

  • Savoir lire, écrire, compter, calculer sont utiles à tous.
    Ils constituent les apprentissages majeurs de l'enseignement élémentaire, bien sur pour les construire il faut réfléchir.
  • Les savoirs du Collège et du Lycée sont utiles aux spécialistes
    et seulement parfois à tous dans la vie sociale. Alors à quoi ça sert ? La question des élèves est nécessaire.

    Aller à lécole au collège et au lycée a du sens
    pour apprendre à penser, à trouver en soi les ressources pour résoudre ses problèmes

  • parce que l'on va y développer sa capacité à chercher,
    à réfléchir, à résoudre des problèmes, à faire ce que l'on ne sait pas faire quelle que soit le contenu et la discipline. Chercher et avec les années réfléchir de plus en plus longtemps avant de trouver parce que le problème est complexe, sans désespérer de soi, sans appeler à l'aide. Mobiliser ainsi les possibilités de son intelligence à affronter sans effroi l'inconnu, le nouveau, trouver en soi les ressources pour se préparer à la vie, pour vivre déjà. Tel est aussi l'enjeu des apprentissages au collège.
  • Parce que l'on va développer sa créativité
    dans l'écriture, les arts plastiques, la musique, activité brouillonnante issue du dialogue de chacun avec son imaginaire.
  • Parce que simplement à la commande du professeur
    l'on va apprendre à réfléchir seul et ensemble sur un contenu et les taches qu'il a préparés. Devenir capable d'accepter ce que l'autre a décidé sans rien perdre de sa liberté de penser, c'est se construire capable de s'intégrer dans la société telle qu'elle est, c'est faire la différence entre avoir une place et tenir sa place, c'est savoir prendre sa place avec son intelligence
  • Si on peut y construire des savoirs abstraits
    qui permettront de raisonner seul et dans l'échange avec les autres avec des concepts. C'est l'abstraction qui est ici socialement nécessaire.

    La réalité ordinaire du sens de l'école n'est pas celle là pour beaucoup d'élèves

  • Quand il n'y a plus d'apprentissage
    les règles disparaissent aussi et les élèves et les profs vont en classe pour se faire la guerre ou pour s'ennuyer parce que alors ça n'a plus de sens pour soi.
  • Il y a celui qui ne réussit pas à apprendre et se retrouve dans la posture de se soumettre au professeur simplement parce que celui-ci l'a décidé.
    Il apprend à l'école la honte d'être ignorant, il apprend qu'il ne peut pas apprendre quand il ne sait pas, qu'il doit demander de l'aide, qu'il est ingrat, ou inconséquent de ne pas l'accepter quand elle lui est offerte.
    Il apprend à cacher ses ignorances, ses incompréhensions, ses émotions de honte ou de colère. Il apprend que l'on peut-être nul pour certaines choses. Il apprend qu'il s'agit d'accepter de se soumettre à ceux qui savent.
    Ne vivant pas l'échange des idées dans la différence et l'égalité, il apprend que la relation entre deux personnes ne peut être que de dominant à dominé.
  • Il y a celui qui apprend à l'école qu'il peut ne pas accepter les contraintes de la règle,
    qui parvient à vivre l'école sans faire le deuil de la toute puissance. Il apprend à séduire les adultes, y compris en réussissant à apprendre et à détester ceux qui ne satisfont pas à ses désirs. il se construit dans un rapport à l'autre ou l'autre ne l'intéresse que pour se mettre en valeur ou parce qu'il lui est utile.
  • Il y a ceux qui sont "bons" mais ils ne savent pas comment ils réussissent
    alors ils apprennent aussi qu'ils sont l'élite et se destinent à dominer les autres. (la note et la compétition scolaire) Aller en classe au collège pose un problème de sens à celui qui ne réussit pas à apprendre, mais aussi à ceux en réussite quand ils ne trouvent en classe que des connaissances dont ils disposent déjà.

    A l'école, au collège, au Lycée le sens à construire ?
    c'est surtout savoir être créatif et chercheur, penser, réfléchir seul et ensemble.

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